Au début du XXe siècle, un grand tournant s’est amorcé dans l’art. La peinture et la sculpture se sont de plus en plus éloignées des formes figuratives pour se tourner vers des formes de représentation plus abstraites. L’art était à la recherche de nouvelles formules picturales et les artistes de cette époque ont trouvé des réponses multiples.
André Evard était particulièrement fasciné par des compositions picturales réfléchies et strictement géométriques.
Des signes que l’on reconnaît déjà dans des œuvres antérieures et qui ont conduit à une totale séparation de l’objet figuratif.
Cette œuvre concrète et constructive d’Evard séduit particulièrement par sa disposition rythmique des lignes de construction.
Avec les diagonales qui se croisent, l’espace pictural est divisé en mosaïque, créant ainsi une structure spatiale de formes et de couleurs détachée du motif, mais cohérente en soi.
La ligne hachurée de traits verticaux et diagonaux génère un canon de formes géométriques de triangles positionnés de manière variable. Celui-ci est élargi par le remplissage partiel en couleur de plusieurs triangles pour former de nouveaux schémas de formes géométriques.
Une comparaison avec les œuvres de Theo Van Doesburg (1883 – 1931) s’impose, car il existait également une relation très personnelle entre les deux artistes, qui se manifeste également dans un échange de lettres documenté.
Van Doesburg a tenté en vain, toute sa vie, de gagner le Suisse à la collaboration au sein du mouvement De Stijl, qu’il avait cofondé. Mais ce dernier a refusé avec véhémence.
Il n’a jamais voulu s’engager et se laisser limiter dans son art. Car Evard était un artiste corps et âme. C’est pourquoi, toute sa vie, il a poursuivi ses propres objectifs artistiques et a parfois nagé patiemment à contre-courant.