Composition abstraite, 1925, 45 x 45 cm, huile sur panneau de fibres (1-3)
La série de tableaux « Composition abstraite » de 1925 de l’artiste suisse André Evard (45 x 45 cm, huile sur panneau de fibres) témoigne de son exploration conséquente de l’abstraction géométrique et des harmonies de couleurs. Les trois œuvres reposent sur la même structure constructive, mais varient considérablement en termes de couleurs et d’effet atmosphérique. Dans la première variante, Evard travaille avec une palette de couleurs finement accordée, composée de tons pastel tels que le rose, le jaune clair, le vert d’eau et des nuances de bleu, combinés à des accents plus intenses en rouge foncé et en bleu cobalt. Sur un fond noir, les surfaces géométriques déploient un effet presque flottant, qui rappelle des croquis architecturaux ou des constructions en verre. La composition apparaît poétique, fragile et réfléchissante. Dans la deuxième image, un ton orange vif domine l’arrière-plan, tandis que les formes elles-mêmes sont presque monochromes en bleu cobalt, noir et nuances de gris. La surface semble plus rugueuse, la composition plus stricte et architecturalement plus massive. L’impression générale est puissante et pleine de tension. Dans la troisième version enfin, une couleur particulièrement vivante se déploie : un ton jaune chaud en arrière-plan rencontre des couleurs primaires telles que le rouge, le bleu et le jaune, complétées par de l’orange, du noir et des tons pastel clairs. Malgré l’abondance de couleurs, la composition reste strictement structurée, la répartition des surfaces rythmique et claire. Il en résulte une impression vivante, presque festive, qui rappelle les vitraux. Dans l’ensemble, cette série d’œuvres démontre la capacité d’Evard à créer des valeurs d’expression totalement différentes par une variation ciblée des couleurs au sein d’un schéma géométrique fixe. Sa peinture recherche un lien harmonieux entre la structure et la couleur, ce qui fait de lui l’un des pionniers les plus importants de l’art concret en Suisse. L’alternance entre les valeurs tonales froides et chaudes, entre la transparence et l’opacité, ouvre un champ de tension fascinant entre la forme, la lumière et l’émotion.