Analyse de l’œuvre – Paysage lacustre au coucher du soleil, 1965 © messmer foundation
La peinture de paysage d’André Evard séduit non seulement par son originalité, mais surtout par la richesse des couleurs, à la fois variée et imposante. Ainsi, le critique d’art
André Evard naît en 1876 à Renan, dans le Jura bernois, et décède en 1972 au Locle, à l’âge de 96 ans. Après la mort précoce de son père, il s’installe avec sa mère, Marie Evard, à La Chaux-de-Fonds, dans le canton suisse de Neuchâtel. Malgré de longs séjours à
La Chaux-de-Fonds est, avec Bienne et Le Locle, l’une des villes horlogères les plus connues de Suisse. C’est ainsi qu’Evard a appris le métier d’émaillage lors de sa formation. La Chaux-de-Fonds est située à environ 1 000 mètres au-dessus du niveau de la mer et est donc l’une des villes les plus hautes d’Europe. C’est de cette hauteur qu’Evard était particulièrement fasciné par le spectacle de lumière qui s’offrait à lui lors des levers et couchers de soleil, l’une des plus importantes sources d’inspiration pour l’artiste.
«Paysage lacustre au coucher du soleil » a été créé en 1965 et montre précisément ce fascinant jeu de lumière que l’artiste a si souvent observé et intégré dans son œuvre.
Le tableau est peint à l’huile sur panneau de fibres et mesure 32 x 46 cm. Les couleurs dominantes sont différents tons de rouge et de jaune, qui reçoivent un contraste particulier grâce au bleu du lac et des deux petits nuages bleus.
Le tableau est divisé en deux plans. Alors qu’au
Dans l’œuvre tardive d’Evard, on retrouve dans ses œuvres figuratives des éléments du pointillisme, de l’expressionnisme et de l’Art nouveau, qui mettent en évidence sa vaste facette artistique. Les représentations de la nature et les couleurs de la nature témoignent d’une intense sensibilité de l’artiste suisse.
Dans cette œuvre, on reconnaît clairement le style concret et constructif d’Evard, que l’artiste a découvert dès les années 1930. En raison de ses premières œuvres concrètes et constructives, André Evard est considéré comme le précurseur de la modernité suisse.
Dans le tableau, on observe une composition symétrique. Cela se reconnaît notamment aux deux troncs d’arbres disposés de part et d’autre, ainsi qu’aux deux petits nuages bleus qui flottent dans le ciel rouge-jaune au milieu de l’axe de l’image. Les distances par rapport aux deux troncs d’arbres intérieurs sont identiques.
Les formations nuageuses au-dessus des deux nuages bleus sont également disposées de manière symétrique à droite et à gauche. L’espace du lac correspond à peu près à l’espace de la coloration jaune uniforme au-dessus de la chaîne de montagnes.
L’œuvre figurative, qui montre d’abord un extrait de paysage quelconque, se révèle être une composition finement construite, qui présente de fortes caractéristiques constructivistes et qui réunit les deux styles qu’Evard maîtrisait également avec brio sur une seule œuvre.
(Katharina Sagel)