Ce chef-d’œuvre de 1919 est un exemple impressionnant de la manière dont Evard, à partir de la nature morte et sous l’influence du cubisme, va évoluer vers un artiste travaillant de manière constructiviste. L’œuvre représente des éléments d’une nature morte : au premier plan, nous trouvons le pain éponyme, qui contraste par ses couleurs naturelles et sa représentation spatiale avec les autres éléments de la nature morte. On peut également distinguer des verres, une bouteille et une serviette pliée, mais l’artiste dissout ces objets en formes géométriques et les représente de manière plane. L’impression de profondeur spatiale ne se crée ainsi que ponctuellement et de manière incohérente : l’arrière-plan est constitué d’une multitude d’éléments de forme ou d’architecture qui semblent disparates – y reconnaît-on des marches ou un arc de cercle ? Ces éléments ne s’assemblent plus pour former une perspective cohérente, mais c’est plutôt la dynamique propre des formes qui ressort de plus en plus.